
Quand un joailler croise la route d’ un paléontologue c’est tout un monde oublié qui refait surface. Découvrez l’histoire de la rencontre peu commune entre un joaillier et un dodo
Ile Maurice 8 septembre 1598: les derniers jours du dodo
Après un long voyage dans l’océan Indien, une division hollandaise de trois vaisseaux sous le commandement du vice-amiral Wibrant-Van-Warwyk débarque sur l’île aux Cygnes.
Les marins épuisés et affamés y découvrent un drôle d’oiseau un peu pataud aux ailes atrophiées et à la démarche maladroite. Des pattes courtes, une grosse tête, un bec crochu imposant, deux yeux entourés d’un cercle blanc qui lui donne l’air mélancolique… Le volatile ne ressemble à rien de connu, mais il est bien dodu…
Et les marins qui, pendant de longs mois, n’ont consommé que des salaisons se réjouissent du festin qui s’annonce. Malheureusement, même après de longues heures de cuisson, la déception est grande : la viande reste coriace.
Pendant les années qui suivront, les bateaux s’arrêtent régulièrement sur l’île, les marins débarquent avec des chiens, des cochons, des rongeurs.
Le dodo lourd et pataud est vulnérable aux maladies, c’est une proie facile incapable de défendre son nid. Un siècle plus tard… le dodo est une espèce disparue.
1865 Ile Maurice, la mare au songe : Le dodo redécouvert
Aujourd’hui véritable symbole, le dodo a pourtant failli disparaitre aussi de nos mémoires. Quelques dodos ont bien été emmenés en Europe, mais aucun ne s’est adapté au climat. Un seul fut naturalisé. La dépouille se conserve mal et seule une tête et une patte sont finalement conservées au musée d’Oxford. D’un point de vue scientifique, il ne reste pas grand-chose du dodo, au point qu’au XIXᵉ siècle, certains doutent. Cet oiseau si étrange a-t-il vraiment existé ?
Georges Clark, naturaliste, professeur sur l’île Maurice, se lance dans la chasse au dodo, il se met en tête de retrouver un squelette entier, il arpente l’île en vain. Jusqu’à ce qu’il découvre la mare aux songes. Il y a près de 4000 ans, la sécheresse frappe durement l’ile Maurice. La mare aux songes se transforme en terrible piège : partiellement asséché, le marais est contaminé, l’eau empoisonnée est mortelle. La mare aux songes devient un véritable cimetière, la terre marécageuse est propice à la conservation des ossements, la quête de George Clark a abouti, ils découvrent des centaines d’ossements.
En 1907, M. Carrié, naturaliste et propriétaire du marais, donne au musée de Lausanne une cinquantaine d’ossements. Ils sont présentés tels quels dans une vitrine sous la dénomination de Didus Ineptus.
2017 Montbrison la renaissance du Dodo
Il n’existe qu’un seul squelette complet de dodo provenant d’un individu unique, celui du muséum de Port-Louis. Le dodo de Lausanne figure parmi les dix squelettes composites les plus complets au monde (c’est-à-dire constitués d’os de différents individus ). En 2017, l’équipe du musée décide de redonner son apparence au dodo. Les ossements sont restaurés. François Escullier paléontologue sollicite la maison Taillandier pour réaliser la structure en laiton qui leur servira de support. Les ossements sont donc envoyés à Montbrison et sous la direction de M Escullier le squelette est remonté sur son socle de Laiton, avant d’être exposé à Zurich puis à Lausanne.
2024 Montbrison Le dodo aux yeux de Saphir
En 2024 l’aventure du dodo de Montbrison se poursuit, d’après les moules réalisés en 2017, la maison taillandier réalise un moulage en bronze. Le squelette de bronze pèse près de 90 kg, on estime qu’il s’agissait d’un mâle de 90 cm pour 27 kg, deux saphirs étoilés lui donnent un regard saisissant.
Nos joailliers ont choisi d’interpréter en bijou un os de la colonne vertébrale du dodo dont la forme rappelle la délicate arborescence de la fougère pour créer un pendentif unique. D’autres déclinaisons en bague ou bracelet à venir très bientôt …
Et si vous adoptiez à votre tour ce fascinant symbole d’un monde oublié ?